Revue de presse
   
 

 
 Le Magazine arts de la scène/écritures numériques
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 9 décembre 2004
 

 


Initiales



















Initiales
 


















Initiales

L'Afrique à l'heure des nouvelles technologies

De retour en France depuis 1996, après un séjour de sept années passées aux côtés de Pina Bausch au Tanztheater de Wuppertal, Thomas Duchatelet poursuit ses projets chorégraphiques dans une voie singulière, entre une danse charnelle et chargée d'émotion et une construction formelle rigoureuse, héritée de son passage à la fondation Merce Cunningham de New-York. A la base de cette démarche, que le chorégraphe qualifie volontiers "d'abstraction lyrique", une passion pour la rencontre avec les cultures plurielles loin des clichés traditionnels ou d'une vision européocentrée du monde. Ainsi, ses derniers projets, Pierre qui brûle et  Initiales, qui ont vu le jour au coeur du continent africain, donnent à voir la vitalité de la scène artistique kinoise et congolaise, soucieuse de s'ouvrir au monde et aux nouvelles technologies.

C'est d'une rencontre avec Faustin Linyekula Ngoy, directeur artistique et chorégraphe des Studios Kabako, et Jen-Michel Champault, directuer du Centre Culturel Français de Kinshasa ainsi que d'une fascination immédiate face au bouillonnement créatif de la capitale congolaise qu'est né en 2002 le projet Initiales. Sur place, l'idée de développer un projet transdisciplinaire, réunissant différetes pratiques artistique autour de l'outil multimédia et de la danse contemporaine, a vu le jour et s'est progressivement  affinée.  "Nous voulions réaliser une création pluridisciplinaire avec les artistes que nous avions rencontré à Kinshasa autour d'un axe chorégraphique central. La musique a bien entendu été un facteur très important dès le départ du projet. Les danseurs et moi-même avons mis en place un dispositif déambulatoire au sein duquel se déroulent des performances chorégraphiques et qui permet d'intégrer harmonieusement des musiciens, des plasticiens et des projections vidéos."
A la suite d'un deuxième séjour, le chorégraphe entouré de techniciens vidéo et son (Bertrand Baudry, Jean Paul Brédif et Frédérique Plancque) équipés de matériel numérique, issus du théâtre du manège de Maubeuge et de Labo'M, a peu à peu structuré le projet pour donner naisance à cinq petits films retraçant la genèse de la création et rendant compte de la collaboration avec les artistes du cru. "Pour eux, c'est extraordinaire d'avoir une caméra ou un appareil numérique en main. Cela leur permet de pouvoir manipuler immédiatemetn un résultat de haute qualité. Nous avons beaucoup travaillé sur les clips vidéos de quelques miutes en donnant la possibilité de s'approprier ces outils. Les congolais sont très au fait de l'évolution technologique mais celle-ci reste toutefois hors de leur portée, faute de moyens. A côté du travail vidéo, nous allons également  réaliser un site internet autour de ce projet." Si la confrontation à l'outil multimédia pour des artistes africains, souvent  plongés dans une réalité technologique différente de celle que nous avons l'habitude de côtoyer enEurope, a certainement constitué un défi important à relever pour le chorégraphe et son équipe, le dialogue artistique avec ces créateurs a cependant constitué le moteur prioritaire de la création.
"Nous avons principalement travaillé avec l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Si les artistes kinois puisent beaucoup de leur inspiration dans l'ethnicité, ils sont aussi fort demandeurs de choses contemporaines. Sur place, la scène artistique est très surprenante, avec une culture urbaine souvent affirmée et ancrée dans la création d'aujourd'hui. Kinshasa est une ville foisonnante, en plein bouillonnement artistique, loin de l'image folkorique que l'on pourrait en avoir. Nous avons eu le plaisir de côtoyer des plasticiens et des stylistes très intéressants, qui travaillent souvent à partir de matériaux de récupération. Nous avons eu le plaisir de côtoyer des plasticiens et des stylistes très intéressants, qui travaillent souvent à partir de matériaux de récupération. Nous aimerions pouvoir montrer toute cette vitalité artistique en Europe."
Toute la matière sonore et les archives d'images ramenées de ces divers périples congolais ont servi à décliner le projet sous plusieurs facettes, dont Bérimbau, une pièce à destination du jeune public utilisant une bande son et des images plus adaptées à un public d'enfants ou encore Pierre qui brûle, le spectacle précédent de la compagnie, qui portait déjà en gestation les prémices du projet actuel, avec l'Afrique en toile de fond métaphorique, minéale et primitive : "Bérimbau / Pierre qui brûle / Initiales sont trois aspects d'un même concept général, basé sur une recherche interdisciplinaire et prenant l'Afrique comme toile de fond. C'est une sorte d'arborescence générale qui se ramifient en différentes branches. Pour le festival au Carré à Mons, nous allons essayer de faire venir certains artistes avec qui nous avons collaboré à Kinshasa afin de mettre en place un dispositif  à géométrie variable qui fera la part belle aux performances chorégraphiques,  aux projections vidéo et aux concerts. Chacun des artistes invités à collaborer a laissé sa trace, ses initiales artistiques, sous forme plastique ou musicale au sein du projet. C'est avec cette matière que nous allons travailler."  Initiales, recréé in situ cet été au festival au carré à Mons, déploiera donc ces multiples facettes, à travers une mémoire filmique chorégraphique et plastique portant en sons sein la trace archivée du vécu de chacun des artistes et tout l'imaginaire sonore et visuel captivant de ce territoire au coeur de l'Afrique.

Vincent DELVAUX


 
 Bibish
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 12 septembre 2003  

 



Le lieu d'accueil…

Tout ceci s'est passé là.

Un lieu nouveau pour un nouveau concept ! A environ plus de huit mille kilomètres de la France. Mais plus encore, dans une ville de six millions d'habitants en situation de demande sur tous les plans surtout artistique…

Un lieu inédit. Où la notion même de « centre culturel » est modifiée au profit de celle « d'une fabrique d'essai », d'un laboratoire pour tester de nouvelles pratiques d'échanges et de confrontations particulièrement originales. Un lieu pour rêver à une histoire. Une histoire collective qui croiserait les genres, les disciplines et les personnalités. Un lieu pour se rencontrer souvent et s'isoler des fois. Où relation ne veut pas dire forcement osmose. Mais signifierait plutôt inventer en permanence des liens, des frottements, entre artistes, entre l'œ;uvre qui se fait et les préoccupations des gens d'à coté, entre une action artistique et une ville en proie à tous les problèmes de société.

Une ville qui a une histoire difficile et une image médiatique négative. La Halle inspire et amène chacun à inventer un projet aussi par rapport au lieu. Les murs ne sont pas ceux d'un théâtre mais ceux d'une école, les bâtiments de l'ancienne école française de Kinshasa. Cela incite les artistes à produire d'autres images que celles formatées aux salles noires, presque toutes pareilles, des théâtres et Centre Culturel Français plus conventionnels.

Je reste très attachée à cette ville, à ce lieu. C'est un endroit où le cœ;ur a une valeur essentielle. Grâce à cela, quand il m'arrive de jolies choses professionnellement, humainement, je sais encore m'en rendre compte.

Marie-Louise Bibish Mumbu

 
 Bibish
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 12 septembre 2003  

 











Initiales  

Le 11 septembre 2003. Halle de la Gombe, 19h30.
La représentation de « Initiales » …


… Ce voyage au pays de Lumumba pourrait s'apparenter à une expédition napoléonienne au vu de tout ce qu'ils ont ramené dans leurs musettes, leurs oreilles et leurs yeux : des visages, des images, des sons nouveaux, des découvertes et des expériences. Mais revenons quelques instants sur le passé proche bien rempli de ces mundelés…

Dans le cadre d'Initiales, ils ont séjourné six semaines à Kinshasa. Ils ont proposé des cours aux danseurs kinois pendant environ 4 semaines et ont créé Initiales. La première c'était le 11 septembre à la Halle de la Gombe, « une plate-forme multimodale, à la fois point d'ancrage, de rencontre et de convergence, lieu de circulation et de croisement de démarches artistiques, espace de réalisation et de diffusion… » dixit Thomas Duchatelet.

L'espace devant l'administration, la salle de répétition de Top Model Agency, la salle d'exposition, l'espace à côté de la petite halle, les couloirs, grande halle, jardins. Initiales : un spectacle itinérant associant la danse à la vidéo projection, la peinture de Francis Mampuya, la mode avec Jean-Claude Bateka, Yvette Singomoya Matiku, Chancelvie Bompongo et Frédérique Plancque, la musique de Smok et des Casques Rouges, les visuels de Simon Tshiamala…

Les quatre danseurs de la Compagnie Thomas Duchatelet dansent avec deux artistes kinois. Ils ont envie d'authenticité. Un moment de partage qui les a fouettés comme une claque dès les premiers mouvements. Un enthousiasme qui ne les quitte plus et qui explose véritablement quand ils sont sur scène, le jour de la représentation, pendant que Chancelvie, mannequin du Top Model Agency, défile et présente des modèles au milieu des danseurs. Pendant que Mampuya, peintre, bouge d'un site à l'autre pour immortaliser par le dessin ces moments. Pendant que Smok, musicien rappeur, balance ses rimes à coté d'Yvette, immense dans une robe majestueuse sur laquelle sont projetées des images de défilé…

Un public captif qui suit Kura Shomali et Eddy Ekete du Collectif Eza Possible, les guides de la soirée. Parce que ce public en veut et en demande. Des séquences qui démontrent mieux que des mots la joie mais surtout la surprise de ce que ces artistes réussissent à créer ensemble. A la fin, complicité et rires sont au programme de ces moments uniques. Un geste, un clin d'œ;il et Bertrand envoie un projo, Jean-Paul une musique… Des prestations uniques qu'ils ont rodées avant de s'attaquer à la scène kinoise mais surtout au public kinois. Un succès !

Il n'y a qu'à regarder l'expression de Thomas pour comprendre de quoi je parle… Il n'y croyait pas l'homme. En tout cas pas de voir environ trois cent personnes envahir la Halle pour suivre Initiales d'un bout à l'autre, d'une séquence à l'autre : « persiste et signe ! ». Un succès qui ne leur fait pourtant pas tourner la tête. Si cette expérience a confirmé leur envie de travailler avec des kinois, il reste une dernière étape…

Marie-Louis Bibish Mumbu


 
 L'Avenir
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 15 septembre 2003  

 


Le spectacle Initiales couronne la mise en commun des talents des artistes congolais et français

Les artistes savent créer et plonger le public dans un monde de rêves. C'est le cas de le dire avec le spectacle du jeudi 11 septembre dernier à la Halle de la Gombe. Les habitués de ce temple de la culture ont été embarqués dans une itinérance artistique. La Halle de la Gombe s'est transformée en véritable amphithéâtre en plein air. Un spectacle dans un spectacle qui a englobé la musique, la chorégraphie, le rap et la vidéo.

Pendant deux heures, le public s'est promené à travers les installations de la Gombe pour suivre les artistes chorégraphes français et congolais en plein spectacle. La Compagnie Thomas Duchatelet a fait une démonstration d'un talent exceptionnel.

La symbiose a été réalisée à la fin de l'itinérance quand le public a assisté dans la salle à un spectacle sous la lumière des lampes tempêtes et avec au fond des images projetées sur un écran géant.

Soulignons également que la Compagnie Thomas Duchatelet a travaillé pendant un mois avec les artistes congolais. Le spectacle de la Halle a été le fruit de leur mise en commun. L'art n'a pas de frontières. Jean-Michel Champault l'a bien expérimenté. A chaque passage d'un groupe français à Kinshasa, il fait de son mieux pour le mettre en contact avec les artistes de la capitale. C'est une manière d'assurer la promotion des jeunes artistes congolais.

Ferdinand KATO

 
 Le Phare (Kinshasa)
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 22 Août 2003  

 







Initiales  

Avec « Initiales » - Projet 2003 à Kinshasa, Thomas Duchatelet au croisement de la route multimédias

A Kinshasa depuis le 4 août dernier pour un projet intitulé Initiales, le chorégraphe Thomas Duchatelet transforme le rêve des artistes congolais en réalité. Eux, qui sont coupés des véritables enjeux de la mondialisation, sont en train de se familiariser avec les nouvelles technologies. Thomas Duchatelet va à petits pas sûrs vers l'unanimité qui pourrait se concrétiser par la présentation officielle le 11 septembre 2003 à la Halle de la Gombe. En attendant la date fatidique, l'initiateur du projet a des arguments pouvant marquer les mémoires culturelles du monde. Initiales est un dispositif à tiroirs multiples, à savoir : la création, la recherche et l'expérimentation, la diffusion ainsi que la rencontre et l'interaction (communautaire).

Explicitant sa pensée, Thomas Duchatelet indique que Initiales tire son origine du latin initialis, de initium c'est à dire au commencement. Il nous renvoie à l'écriture, au premier mot d'une histoire, à la première note d'une musique, au premier pas d'une chorégraphie. Initiatio se réfère à l'introduction, à la connaissance des choses secrètes, cachées, difficiles, à l'éducation. C'est le travail que Thomas fait déjà avec 15 danseurs kinois intéressés et très motivés au stage. Et puis, le dispositif de diffusion met en exergue l'initiative, du latin initiare : initier ou oser, entreprendre... Ceci implique la modalité d'intervention sur le site ou la ville par les improvisations, les restitutions, la mise en scène des spectacles. Par exemple, Thomas explique un projet virtuel avec les stylistes : « On va filmer les costumes, monter l'élément dans le studio et projeter les œ;uvres de la collection sur un seul mannequin de blanc vêtu lors d'un défilé... » Comme résultat, des images kaléidoscopiques ! Et, enfin, un dispositif de rencontre et d'interaction qui rappelle les initiés à l'art. Il s'agit concrètement du travail effectué avec les artistes kinois et français en résidence à la Halle de la Gombe.

En somme, c'est un croisement de démarches artistiques qui implique les artistes de tout secteur : peintre, acrobate, décorateur, musicien, comédien et photographe. A ce propos, Thomas Duchatelet est aidé dans sa tâche par des spécialistes tels que Jean-Paul Brédif, Bertrand Baudry et Frédérique Plancque. Sur le mode de la déambulation, la présentation finale se fera sous la forme d'un dispositif de diffusion original. La mouture définitive est attendue à l'occasion du festival « Lille 2004 : Capitale Européenne de la Culture ». Thomas Duchatelet est un habitué des projets de création multidisciplinaire. A Kin, son projet jouit de l'appui du Centre Culturel Français et de l'Association Française d'Action Artistique / Communauté Urbaine de Lille.

Eddy KABEYA

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 Nord Eclair
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 31 octobre 2003  

 








Berimbau  

Scène de danse, scènes de vie

En résidence à L'Escapade, la Compagnie Thomas Duchatelet prépare un spectacle de danse contemporaine à l'intention du jeune public. Présenté lors d'une répétition publique, ce spectacle sera joué les 4 et 5 décembre. L'histoire est inspirée par la vie des enfants de Kinshasa, capitale du Congo.
Depuis dix ans qu'existe sa compagnie de danse, Thomas Duchatelet a beaucoup voyagé à travers le monde. De ses périples, le chorégraphe nordiste s'est inspiré des paysages, des vies, des visages rencontrés ici et là. D'ailleurs, après un premier voyage à Kinshasa, il avait créé Pierre qui brûle… Cet été, il est en résidence artistique pendant six semaines, dans la capitale congolaise. Sur place, il a observé les enfants de la rue : « Les shégués sont des enfants abandonnés par leur famille pour des raisons économiques. Ils sont choisis au hasard, que l'on appelle des enfants-sorciers, et qui tout d'un coup, sont désignés comme le porte-malheur de la famille ». « Bizarrement, ces enfants des rues créent. Ils ont envie de vivre, ils dansent. C'est incroyable, époustouflant. Ils créent aussi des marionnettes qu'ils font danser », rapporte Thomas Duchatelet.

Des enfants, des artistes
Ces scènes de vie lui ont inspiré son nouveau spectacle, qu'il monte avec sa troupe à L'Escapade. Présentée en public mercredi, cette pièce intitulée Bérimbau, tire son nom d'un instrument de musique africain : « Ce n'est pas un spectacle militant, au service d'une cause. C'est une pièce gaie, très efficace. S'il y a un message, c'est que ces enfants sont des artistes, qu'ils peuvent s'en sortir par l'art, la danse. Cette pièce est un témoignage, mais un témoignage plastique, esthétique et non politique ». « C'est un spectacle plein de vitalité, d'espoir. La danse et la musique sont des manifestations de vie. Quand on voit ces enfants danser, c'est une façon de vivre que je veux faire partager avec les enfants d'ici. »

Avec ses danseurs, Adeline, Fabienne, Johana, Jimmy, Gilles, Thomas Duchatelet s'est donné pour mission d'offrir du plaisir aux spectateurs. Puis sans doute repartira-t-il sur les routes du monde à la recherche d'une nouvelle inspiration. « La danse est le plaisir des corps. J'essaye de construire, de nourrir des projets autour de cela. Je suis très sensible aux inspirations d'ailleurs, des pays lointains. »

Thierry TEMPEZ

 
 Sortir
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 28 mai au 3 juin 2003  

 





Soli  

Florilège

Pour la clôture de sa dernière saison à Lille, Danse à Lille a proposé une brillante soirée de « soli » tous écrits par les chorégraphes régionaux qu'elle accompagne depuis plusieurs années et qu'elle a révélés au public métropolitain. Thomas Duchatelet, David Flahaut, Jean-François Michaud, Gilles Verièpe et Cyril Viallon étaient de la partie cette fois-ci, avec de superbes condensés de leurs univers respectifs, pour dire l'éclectisme et la vitalité de la danse contemporaine.

Cette année, suite au succès de l'expérience inédite de « Ils… », Danse à Lille a réitéré l'invitation à Thomas Duchatelet, David Flahaut, Jean-François Michaud, Gilles Verièpe et Cyril Viallon qui se devaient d'offrir un solo à un interprète ou bien d'endosser eux-mêmes le rôle. Le solo a ceci de fascinant qu'il met à nu le chorégraphe en un rien de temps. Quelques minutes souvent risquées qui suffisent pour ouvrir en grand des univers mystérieux et entraîner le spectateur sur les chemins passionnants et passionnés d'une recherche personnelle, chemins abrupts ou buissonniers qu'on prend un très grand plaisir à découvrir, et cette « collection de soli 2003 », estampillée Danse à Lille, n'en était pas avare. (…)

Après vingt ans de présence de « Danse à Lille », cette soirée montre toute l'importance du travail réalisé et prouve, s'il en était besoin, qu'aujourd'hui, la danse contemporaine est bien présente dans la région et que ses chorégraphes débordent d'énergie et de projets.

Louis-François CAUDE

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 Nord Eclair
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 30 janvier et 2 février 2004
 

 

 

 



« Nuances » pour trois chorégraphes au Ballet du Nord

Thomas Duchatelet, Michel Kelemenis et Rui Horta invitent le public du Ballet du Nord à un voyage dans le temps et l'espace à travers trois pièces. La première signée Pierre qui brûle, la seconde (Une lumière froide pour éclairer nos) JEUX, la troisième Ordinary Event. Tous trois ont accepté de travailler en un temps limité et dense avec la compagnie basée à Roubaix, pour le moment en attente d'une direction artistique. (…)

La pièce de Thomas Duchatelet est empreinte du travail mené pendant sept ans avec Pina Bausch en Allemagne. « J'ai beaucoup voyagé et toutes ces expériences nourrissent mon travail, ma recherche d'une abstraction lyrique, un mouvement qui soit abstrait, mais porteur de sens », résume-t-il.

Pierre qui brûle est une reprise d'une pièce présentée il y a deux ans, mais adaptée à la commande du Ballet du Nord. Huit danseurs sont sur scène et la version originale (1h15) a été ramenée à 25 minutes. La trame reste la même : Pierre qui brûle parle de métamorphoses, celles qui se jouent dans les mines ou les cristalleries.

C'est superbe, fluide, élastique. Sur grand écran, des images de la région, pour finir sur celles, très douces, d'un vieil homme noir, sandales à la main, accompagnent une chorégraphie évidente, comme réinventée dans ses rapports entre danseurs.

Delphine TONNERRE

 
 La Voix du Nord
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 10 décembre 2003  

 


Quand les corps parlent

(…) Le spectacle puisait ici son inspiration dans les sons et les images rapportés d'une résidence à Kinshasa. Interprété par six danseurs, sur une bande son issue des rues de la capitale congolaise, le spectacle laissait libre cours à l'imagination de chacun, avec l'Afrique comme pays de matière. Les spectateurs ont été touchés d'approcher la danse dans une juste simplicité, entremêlant corps, histoires, images, sons et douleurs.


 
 La Voix du Nord
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 12 octobre 2002  

 



Pierre qui brule  

Répétition publique salle Aragon

La Compagnie Thomas Duchatelet a monté l'an passé avec Culture Commune sur le site de Loos-en-Gohelle, A perte de mémoire. Cette année, la compagnie est en résidence dans la commune. Elle prépare une nouvelle création Pierre qui brûle. Un travail en lien avec le charbon de l'ex-bassin minier. Les répétitions vont bon train depuis trois semaines. Les six danseurs montent ce spectacle avec passion et ingéniosité. Le chorégraphe leur donne tout pouvoir de travailler sur une idée, un mot, un concept…

Vendredi soir, à la suite de la répétition publique, les spectateurs ont donné leurs impressions sur quelques bribes d'une chorégraphie complexe, mais d'une grande intensité. Les danseurs évoluent avec force, souplesse et fluidité. Ils sont à la fois flamme et feu, minéral et scorie. Un spectacle qui promet, tant par la qualité du chorégraphe que par celle des interprètes.

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 Journées du Patrimoine - Châteaux en ville
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 24 septembre 2002  

 


Villeneuve d'Ascq les 21 et 22 septembre 2002

Le carmel

Construit en 1973 par l'architecte Philippe Lepère (auteur également de l'Hôtel de ville) sur des anciennes terres du Comte de Montalembert, le Carmel a perdu sa destination première avec le départ des sœ;urs en 1996. D'architecture contemporaine, inspirée en partie par Le Corbusier, il a été réinvesti par quatre familles et une agence d'architecture qui ont conservé son esprit d'origine grâce à une réhabilitation de qualité. L'ensemble a été récemment protégé à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Service Développement Culturel
Ville de Villeneuve d'Ascq

 
 La Voix du Nord
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 24 septembre 2002  

 








 

Après-midi d'exception

On a dansé au carmel

Quinze minutes passées dans un autre monde, ce dimanche, pour 300 personnes. C'était au carmel.

On se croyait… on ne sait plus très bien où. Certains diront en Grèce grâce aux murs blancs. D'autres sur une île grâce au silence. D'autres encore à Villeneuve d'Ascq à cause des timides apparitions du soleil. Et, d'autres rien. Car ils étaient bien et avaient oublié d'où ils venaient l'espace de quinze minutes, le temps d'un lieu : le Carmel. Le temps d'une chorégraphie par deux danseuses et un danseur de la Compagnie Thomas Duchatelet qui a installé ses bureaux dans cet ancien lieu. Un double plaisir pour les yeux s'offrait au public venu nombreux : découvrir d'une part, ce magnifique lieu dans le cadre des Journées du Patrimoine, et d'autre part, vibrer à chaque pas de danse. Cent cinquante personnes étaient au rendez-vous de chacune des deux prestations. Et chaque fois, elles commençaient par lever les yeux en direction de la terrasse où une danseuse jouait les équilibristes sur la longue bordure blanche. Puis, le regard glissait tout naturellement au pied de la bâtisse où une autre danseuse attendait. Quelques petits pas, de petits sauts, des mouvements doux, légers, tendres aussi, l'accompagnaient avant qu'elle n'invite le public à la suivre, là, au bord d'un long muret auquel était suspendue une immense photo. Une femme de dos accrochée à une barrière, rêvait la mer. C'était en Ecosse ? Cela aurait pu être ailleurs, n'importe où, mais c'était en Ecosse.

Kilomètre zéro

Immobile, l'image prenait tout à coup du relief. Elle bougeait au gré des figures de une, voire deux danseuses qui lui donnaient chair. Le voyage pouvait alors continuer au son d'une petite musique d'après-midi, tranquillement, autour des bâtiments : des anciennes cellules devenues aujourd'hui des maisons d'architectes ; du cloître où une exposition d'Olivier Millet, un ancien Villeneuvois, arrachait le visiteur à son terreau pour l'emmener loin, très loin, tout près du « kilomètre zéro ». Et la chorégraphie se poursuivait. Inlassablement. Les mouvements déchiraient l'air. Des corps sautaient haut, d'autres se projetaient au sol sur l'herbe mouillée. La rosée du Nord était passée par là. Elle mouillait les larmes de la nostalgie dégagées par cette atmosphère. Un rayon de soleil se détachait et séchait l'immensité tel un palimpseste. Tout pouvait alors repartir et le voyage continuer. Un peu plus loin. Vers d'autres lieux. Comme une invitation à gagner le kilomètre 1.

Emmanuel BEDU


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 Nord Eclair
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 29 juin 2001  

 

Rien de ce qui se dit n'est désinvolte ou, au contraire, larmoyant : chacun y évoque avec beaucoup de pudeur sa propre réalité. A force d'être répétées, égrenées, lentement, à la manière de celui qui se souvient, les phrases embellissent le lieu, elles expliquent le geste. La chorégraphie prend le relais et par son amplitude révèle la poésie du site…

M.J POLLET

 
 La Voix du Nord
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 19 juin 2001  

 




La vie à un fil  

Les fantômes du textile reprennent vie

Les vingt-cinq artistes du nouveau spectacle de Jean-Marc Chotteau rendent hommage à celles et ceux qui ont tout donné pour l'industrie textile.

La place de l'industrie textile dans l'histoire du versant nord-est de la métropole lilloise est aussi importante que celle du charbon dans le bassin minier. Jean-Marc Chotteau, comédien et metteur en scène, l'a bien compris. Dans le cadre d'un projet baptisé Texto qui pourrait aboutir à une grosse opération dans le cadre des manifestations culturelles de Lille 2004, des membres de la compagnie Chotteau ont recueilli une centaine de témoignages d'anciens patrons, contremaîtres, ouvriers, bistrotiers. De là ont été tirés des phrases, des ambiances, des gestes qui ont abouti à la création de La vie à un fil. Il ne s'agit pas d'une reconstitution de la vie des ouvrières du textile, « on a juste essayé d'exhumer quelques petits bouts de vie ». Jean-Marc Chotteau ne se définit pas comme un historien mais, comme dans son précédent travail sur le monde des combats de coqs, il cherche ce qui a fait l'identité d'une région, sa culture. La formule théâtrale de La Vie à un fil n'est pas classique. Les spectateurs sont accueillis au Salon de théâtre avant de monter dans un autocar comme le faisaient ces ouvrières dans les années cinquante. Le spectacle commence. Leur destination ? L'ancienne teinturerie de l'entreprise textile Vanoutryve.

Une espèce d'hommage

Là, le temps semble s'être arrêté. Tout est presque resté en place comme si les hommes avaient subitement disparu. Des flacons sont renversés, des échantillons de tissus attendent sur des bureaux. Dans cette usine, qui a employé jusqu'à 7 000 personnes, les spectateurs sont confrontés aux mots recueillis. Pour cette création, sur un mode déambulatoire, Jean-Marc Chotteau s'est associé au chorégraphe Thomas Duchatelet, qui a déjà travaillé sur le thème du textile avec Filatures, et à Gérard Frisque, un architecte-scénographe.

Christian VINCENT

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 La Voix du Nord « Portrait »
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 25 Avril 2001  

 

La danse, comme un plaisir partagé

Nordiste attaché à ses racines, qui lui sont source d'inspiration, Thomas Duchatelet ne se contente pas de créer : Il sème son savoir-faire auprès du public de l'ex-bassin minier. En résidence-mission avec Culture Commune, le chorégraphe met sa technique de professionnel au service des jeunes et des associations de danse contemporaine.

Après avoir mené une carrière internationale, Thomas Duchatelet est revenu dans sa région natale pour créer, mais aussi étendre le champ d'action de la pratique professionnelle. Lui qui aime faire revivre les lieux abandonnés ne pouvait mieux trouver comme résidence pour sa compagnie que le site du 11/19 de Loos-en-Gohelle.

Thomas Duchatelet va à la rencontre des associations et des compagnies amateurs. C'est le troisième volet de la grande aventure d'A perte de mémoire. Le chorégraphe, si rêveur qu'il puisse paraître, a bel et bien les pieds sur terre lorsqu'il évoque cette création aux multiples facettes. « Il y a une certaine tristesse. Les gens, le paysage ont souffert. Ce qui m'inspire, c'est de voir ce qui peut renaître…». Sur deux ans, A perte de mémoire se déroule en quatre étapes. La première a pris place sur l'ancien carreau de fosse du 11/19 lors des Journées du patrimoine. La seconde était héninoise : un spectacle plus conventionnel, sur la scène de L'Escapade (les 6 et 7 avril), mais gardant toujours la thématique du paysage, de la végétation.

Thomas Duchatelet s'est donné pour « mission » de mener diverses actions de sensibilisation à la danse contemporaine. « C'est le troisième volet d'A perte de mémoire, intitulé La danse à portée de main ». Il initie à la danse les scolaires et les associations. « On travaille toujours sur la mémoire, l'apparition, l'effacement. C'est en quelque sorte une ré-adaptation du travail que j'ai mené avec ma compagnie pour le deuxième volet ».

Cette semaine, Thomas Duchatelet était de retour à L'Escapade, dans le cadre de ce contrat résidence-mission passé avec Culture Commune. Il fait partager sa conception de la chorégraphie aux membres de la compagnie Extrasystole. « Avec eux, ça marche bien, parce qu'ils sont très expérimentés… ». Dans son stage, par exemple, Bénédicte Gavériaux (qui intervient dans la compagnie Extrasystole) s'inspire à nouveau des thèmes abordés par le chorégraphe Thomas Duchatelet… « A perte de mémoire est un projet à facettes multiples comme un arbre, auquel poussent branches et racines… »

Cette action, que Thomas Duchatelet mène sur l'ensemble de l'ex-bassin minier, bénéficie d'un retour positif de la part du public. « C'est vraiment un échange », conclut le chorégraphe pour qui la danse est « une invitation au plaisir partagé ».

Géraldine CSIZMADIA

 
 L'écho du Pas-de-Calais
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 Avril 2002  

 
Mélange des gens, mélange des genres

Danse contemporaine, musique et vidéo ; professionnels et amateurs... Le centre culturel Balavoine, à Arques, adore tout mélanger, tout combiner…
« Transversalité » est un des mots préférés de Fabienne Brioudes, la directrice. « Accessibilité » également. « Notre objectif est de rendre toujours plus petite la distance qui sépare les spectateurs, des artistes » avait-elle annoncé en début de saison. Promesse tenue. Le 20 avril sera sans doute une belle illustration de cette volonté. Rendez-vous pour un spectacle étonnant de la Compagnie Thomas Duchatelet et un lever de rideau original.

Qui s'attarde sur la danse contemporaine, connaît à coup sûr Thomas Duchatelet, sa carrière internationale d'interprète au Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, la création de sa propre compagnie il y a quatre ans dans la région, ses multiples et remarquables passages sur les scènes (et les terrils) du Nord, lui ont donné une solide réputation de chorégraphe original. Il sera en résidence à Arques en 2002-2003 pour une nouvelle création. En attendant pour mieux connaître le terrain et partager sa passion, il réserve depuis novembre un week-end par mois à quinze jeunes de l'Audomarois. Quinze jeunes issus de six écoles de danse du secteur.

Durant toutes ces répétitions, Thomas Duchatelet et les danseurs ont été suivis par la vidéaste Olivia Molon. L'artiste a capturé des gestes et des corps, des souffles et des moments « pour permettre aux jeunes d'avoir un regard sur eux-mêmes, un recul sur leur travail ». Sa création vidéo complétera le spectacle.
Côté musique le chorégraphe a choisi un morceau du groupe « Qoroub duo », deux jeunes percussionnistes qui ont participé aux dernières répétitions. Ils seront sur scène le 20 avril. Au total des mois de travail en commun, en complémentarité, en « transversalité » pour vingt minutes de présentation en lever de rideau. Vingt minutes appelées Courses à ne pas rater avant le spectacle émouvant de la Compagnie Thomas Duchatelet À perte de mémoire 2.


 
 La Voix du Nord
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 8 mars 2001  

 






La danse à portée de main  
Danse contemporaine au collège

Les élèves du collège Jean Macé ont découvert la danse contemporaine des professionnels. Un peu de technique avant l'improvisation sur un thème donné, et c'est parti !

Une conférence dansée. Qu'est-ce qui peut bien se cacher derrière cette formule qui allie deux termes, dont la connotation est souvent opposée ? Les élèves des classes de troisième 3 et de troisième insertion du collège Jean Macé sont venus le découvrir, hier, dans la salle de fitness de L'Atrium, mise à leur disposition par Fabrice Vanhems, le directeur du complexe.

En fait de conférence, il s'agissait d'un atelier de sensibilisation à la danse contemporaine, proposée par Culture Commune, dans le cadre d'un contrat résidence mission. Thomas Duchatelet, chorégraphe lillois, et deux danseurs de sa compagnie (Johana Cessiecq et Antoine Coesens) ont ouvert la séance par une présentation de la danse contemporaine et de leurs parcours individuels dans cette discipline. Les danseurs ont ensuite donné une brève prestation en solo, puis en duo, pour montrer aux jeunes l'aboutissement de leur travail. Voilà pour la partie la plus théorique de cette séance. Les jeunes ont rapidement été invités à entrer dans la danse et suivre les danseurs pour un cours d'EPS (éducation physique et sportive) pas comme les autres, après quelques minutes d'échauffement.

Sur les conseils des professionnels, les jeunes ont appris quelques mouvements de base, pour former un petit enchaînement et le présenter aux copains, par petits groupes. On a alors laissé ses scrupules dans un coin. Les garçons comme les filles sont entrés en piste, et même les profs (MM. Thiery et Rodriguez) se sont prêtés au jeu.



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 DDO
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 Décembre 2000/Janvier/Février 2001  

 







A perte de mémoire  

La tendance est à l'expérimentation dans les arts vivants

De plus en plus de metteurs en scène et de chorégraphes présentent leurs étapes de recherche au public. Précisions sur le phénomène, agrémentées de quelques exemples.

Architecture et danse : contamination réciproque

A l'initiative des architectes J.C. Burdese et Christian Leclerc, les étudiants de l'Ecole d'Architecture de Lille ont travaillé au printemps dernier avec le chorégraphe Thomas Duchatelet dans le cadre d'un atelier explorant le rapport entre chorégraphie, paysage et architecture. Les résultats de cet atelier qui s'est déroulé en extérieur à la Fabrique du 11/19, directement sur les deux terrils voisins (les fameux « jumeaux »), ont été présentés le 23 juin dernier in situ.

Cette coopération autour d'une série de spectacles a permis de confronter deux logiques : celle du corps (et donc du mouvement) et celle de l'espace de représentation, lui-même confrontation entre une réalité physique, les schémas mentaux du créateur (chorégraphe ou autre) et ceux du public. La démarche, cadrée par les spécificités du site (les terrils, leur taille, les évolutions du sol, le schiste qui les constitue…) et nourri par quelques éléments d'inspiration fournis par Thomas Duchatelet (thème de la route et du cheminement, les paysages du film The Misfits…), permettait ainsi aux futurs architectes d'améliorer leur approche de l'espace de dimensions humaines (spécificité corporelle, affects, vécu…). Parallèlement, le chorégraphe a pu ainsi enrichir sa capacité à construire des espaces de représentation. Au final, une diversité de propositions de qualité inégale comportant de nombreuses pistes à développer : route aérienne visualisée par des séries de lumières et répartie sur les deux terrils (constituant ainsi deux espaces se répondant), utilisation des pentes des terrils pour nourrir une gestuelle particulière, failles dans les plateaux scéniques laissant passer la lumière (comme les plantes entre les morceaux de schiste), scène définie par un long rideau rouge circulaire évoquant à la fois le carrousel et les jupes féminines…

Estelle AUGER


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 Sortir
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 9-15 mai 2001  

 


Ils... Le secret  

 

Ils ont pour Danse à Lille, qui les a toujours soutenus, l'ardeur, la témérité, le charme et la truculence qu'avaient les Trois Mousquetaires pour la Reine. Ils sont quatre, masculin pluriel, à danser pour elle. Ils créent l'événement chorégraphique de la saison en lui rapportant ses superbes diamants, quatre ballets inédits qui révèlent, malgré les embûches, le nouvel éclat de la danse régionale.

Les ballets du Nord

C'est du jamais vu ! Tous pour un, un pour tous ! Ils s'y sont mis à quatre pour honorer le nouveau challenge que leur a proposé Danse à Lille, à savoir « s'aventurer sur le chemin d'une création collective avec pour unique condition de se mettre tour à tour au service des uns et des autres en tant que chorégraphe et interprète ».

Doit-on, encore et toujours, rappeler ce qu'est Danse à Lille ? Comme dirait Alexandre Dumas, c'est vingt ans après ! La seule association qui depuis vingt ans, a fait découvrir, avec le Festival de Lille, le nec plus ultra de la créativité, de la modernité et de l'émotion de ce qu'il est convenu d'appeler « la jeune chorégraphie française », sur fond de grandes machines internationales où « les petits jeunes », depuis qu'elles ont déserté la Métropole, n'ont cessé d'aller s'abreuver, Merce Cunningham, Bausch, Farber, tant d'autres autant d'« events » que notre quarteron de jeunes diplômés d'Etat, avec leur enthousiasme, ressuscitent ces jours-ci à leur manière.

Omniprésent dans la confrérie, Cyril Viallon, d'Artagnan sur tous les fronts, qui dansera, pour une fois, dans le duo que lui a préparé Thomas Duchatelet, le trio qu'il s'est écrit pour lui-même, le quatuor concocté par Thomas Lebrun et… le solo auquel s'est risqué le petit dernier de cette joyeuse bande, Jean-François Michaud, tout jeune patron de la Compagnie 1, 2, 3 Soleil ! (…)

Louis-François CAUDE

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 Sortir
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 2-8 février 2000  

 




Oh ! duo  

 

La danse au coeur

Le sacre du printemps s'annonce précoce cette année : toute la fine fleur de la chorégraphie régionale occupe les planches avec ses dernières productions, dont on peut espérer qu'elles dureront davantage que l'instant d'un matin. « Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui », cher au poète, déchiré, d'un coup d'aile lesté d'espoir, le long ennui d'un hiver dont les jeunes créateurs ne veulent plus.

Est-ce le redoux après les tempêtes qui donne des ailes aux obscurs besogneux de la danse régionale ? Les voilà qui crèvent la glace quasiment en même temps, un peu partout, et nous invitent à partager d'autres vols que ceux de leur exil immobile. Les vilains petits canards de la création contemporaine n'attendent pas le dégel pour s'élancer vers les étoiles, ils dansent déjà, et c'est magnifique !

Après Cyril Viallon, Jean-Luc Caramel, voici Thomas Lebrun, David Flahaut, Thomas Duchatelet et Jean-Pierre Douterluingue embarqués pour une déclaration d'amour qui nous change un tant soit peu des habituels chuchotements timides de la Saint-Valentin. Leur cœ;ur bat, très fort, fût-ce avec des gants de boxe.

Grâce aux efforts conjugués de Culture Commune, Scène Nationale du Pas-de-Calais, et du Vivat d'Armentières, « espace culturel » municipal, ils créeront bientôt un duo sur le thème de l'amour, ce qui nous change, en cette période de Chandeleur, des habituelles recettes de pâte à crêpes qu'on fait sauter allègrement le soir à la chandelle, et que les organisateurs nous promettent « colorés, piquants, sensuels, mouvementés, sereins ou violents et très certainement surprenants… Les couleurs de la passion ! » (…)

Louis-François CAUDE

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 La Voix du Nord
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 17 juin 1999  

 




Transfert  

Le plaisir douloureux d'un alcool

La Compagnie Thomas Duchatelet a triomphé, mardi soir, au Vivat

Transfert ou l'impossible voyage, l'impossible rencontre. De cet univers de ténèbres, nul ne s'évade. Et quand la boucle se boucle, hommes et femmes se touchent à nouveau sans se voir, les corps se glissent entre les corps, aveugles les uns aux autres.

Au commencement était ce tâtonnement. Une main sur une épaule, mécaniquement. Des blocs de chair qui voisinent. Dialogue minéral, dans un chuintement sourd et lointain. Et des jaillissements de peau. Une femme, furtivement, dénude sa jambe. Une autre offre son dos aux cent regards de la salle. La danse est souple et ténue, traversée d'élans, l'énergie, contenue. Cette quête de l'autre et cet effeuillage sont conduits avec délicatesse. Ils portent des promesses d'union.
Balayé, le lent crescendo ! Au rythme effréné de « One Step Beyond », hommes et femmes s'entrechoquent, s'étreignent, comme pris d'une ivresse copulatoire dont ils se défendent cependant. Carambolages, enchevêtrements, roulés-boulés… Hommes et femmes jouent avec leurs corps, avec une liberté insouciante, une violence masquée. La rupture a été totale. Il y en aura d'autres. Thomas Duchatelet et sa compagnie nous bousculent, pour nous conduire sur des terres de folie où les femmes ont des gestes qui sont autant de cris, où l'angoisse est oppressante.

Transfert est illuminé par quelques traits d'humour, un décalage du jeu, parfois. La pièce, où la cohésion entre danse et musique est parfaite, est d'une grande subtilité dans la chorégraphie et l'interprétation, d'une émouvante justesse de ton. Mais le plaisir ressenti est douloureux. Cette œ;uvre est un alcool. Et le public a dit avec vigueur combien il aimait s'en brûler les lèvres et le ventre.

Christian FURLING

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 Le Petit Quentin
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 N° 130  

 

La culture à l'hôpital

Ou comment dédramatiser l'univers psychiatrique en faisant de l'art une porte ouverte sur l'extérieur, et de la danse un passeport pour une vie meilleure.

Je, tu, il, nous, elles pouvont, demain dépasser la frontière de la raison, nous retrouvant alors à l'Institut Marcel Rivière, ou ailleurs, pour un séjour plus ou moins long, un traitement plus ou moins lourd. Mais au fait, où commence la folie ? Mot unique et réducteur qui englobe un rejet quasi unanime, folie douce et folie furieuse, semant sur son passage la crainte et l'exclusion. Responsable des actions culturelles de l'Institut Marcel Rivière, Madeleine Abassade anime depuis de nombreuses années le Relais Mutualiste qui, loin de développer une pédagogie spéciale pour « malades mentaux », décloisonne l'hôpital en accueillant des artistes au sein de différents ateliers (théâtre, arts plastiques, vidéo…) ouverts à tous.

Dynamique de groupe

« Notre association programme régulièrement des spectacles, des ateliers de pratiques artistiques, des stages et des conférences auxquels participent les personnes hospitalisées qui le souhaitent - après accord de leur médecin - leurs familles, le personnel soignant et les habitants de la région. Nous voulons, à travers cette ouverture, sortir le milieu psychiatrique du ghetto dans lequel il se trouve, permettre aux patients de rompre avec l'isolement en les aidant à tisser des liens sociaux susceptibles de rendre leur réinsertion moins difficile ». Les ateliers, encadrés par des artistes confirmés, favorisent la dynamique de groupe et débouchent le plus souvent sur la réalisation d'une « œ;uvre » collective. « Notre prochaine aventure de ce type s'inscrit dans le cadre du projet national « Culture à l'hôpital » et repose sur un jumelage entre notre institut et Le Scarabée, salle de spectacle de La Verrière rattachée au réseau culturel du SAN, qui accueillera L'objet, du chorégraphe Thomas Duchatelet, le 2 avril à 20h30 », poursuit Madeleine Abassade.

Oxygène

D'ici là, cet artiste qui accompagna durant sept ans le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, dirigera un stage de deux jours au Scarabée les 13 et 14 mars prochains, et animera deux fois par semaine l'atelier chorégraphique de l'Institut Marcel Rivière, composé de personnes extérieures, de soignants et de patients. « Le théâtre de 400 places situé à l'intérieur de l'Institut est un lieu idéal pour les ateliers que Thomas encadre avec talent, professionnalisme et générosité. Porteur du projet, chorégraphe hors pair et excellent pédagogue, il laisse chacun évoluer à son propre rythme, jusqu'à ce que le groupe soit en mesure de donner le meilleur de lui-même, comme ce sera probablement le cas lorsqu'il passera en première partie du spectacle de Thomas au Scarabée, mais là n'est pas l'essentiel ». L'essentiel est en effet ailleurs, dans l'échange, dans l'enrichissement réciproque, dans l'autonomie et la confiance partiellement retrouvées, le temps d'une formidable bouffée d'oxygène.

Dominique CIARLO

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 Cassandre
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 Mai 1998  

 





L'objet II  

Une chorégraphie dépouillée du théâtre

S'il est discret sur l'Atelier du Pollet, Daniel Gillet ne fait pas mystère de sa prédilection pour la danse contemporaine, comme en témoigne sa programmation qui lui accorde une part égale au théâtre. Sept compagnies, et non des moindres, se seront produites ici cette année parmi lesquelles la paire Daniel Larrieu / William Forsythe, Merce Cunningham, Catherine Diverres et Hervé Robbe. Ses actions en faveur de la danse sont anciennes : Odile Duboc, Bernardo Montet, Alain Platel ont animé ces dernières années plusieurs stages de danse pour accompagner leurs créations.

« L'action culturelle n'a été mise en place ici que depuis trois ans. Sur les 35 000 habitants de Dieppe, plus de la moitié sont dans une situation sociale précaire. La création d'ateliers de danse répond à ce souci de développement culturel entendu comme rencontre du processus artistique. » Dans cette Perspective, Daniel Gillet souhaitait depuis longtemps accueillir une compagnie de danse en résidence. Mais il n'a pas tout de suite trouvé preneur. Son choix s'est finalement porté, par l'entremise de Catherine Dunoyer de Segonzac « Madame Danse » du Nord Pas-de-Calais, sur Thomas Duchatelet, un Valenciennois installé à Lille. « Au cours de mes entretiens avec Duchatelet », confie-t-il, « ce qui m'a séduit, c'est qu'à la différence de bien des intervenants patentés, il est dans un questionnement constant par rapport à sa démarche artistique. Il est vite apparu que l'acte de création et l'action culturelle se conjugueraient sans que l'un soit sacrifié au profit de l'autre. Des gens qui a priori n'auraient eu aucune raison de venir ici se mettent à créer ensemble, sans condescendance pour les non-professionnels ni instrumentalisation des artistes ».

Particularités de cette résidence de deux mois : organiser dans des ateliers la rencontre de plusieurs groupes motivés par la danse ou l'expression corporelle, des enfants de maternelle aux personnes âgées en passant par des adolescents, des professeurs d'éducation physique et des femmes dites pudiquement « en difficulté », membres de l'association Fodeno. Cinq groupes distincts réunissant une soixantaine de personnes et bénéficiant chacun de trois séances de travail hebdomadaires durant cinq semaines. Faire ensuite se croiser, dans un processus de création les danseurs de la compagnie et la soixantaine d'amateurs accueillis dans les stages. Résultats de ce travail auquel, outre le chorégraphe, participent deux danseurs, Alice Gartenschläger et Jean-François Michaud : une présentation collective sous la forme d'une « porte ouverte » et, finalement, la reprise modifiée de L'objet, intégrant le travail accompli avec une douzaine de volontaires. « Il ne s'agira pas, précise Duchatelet, d'exiger d'eux un travail de professionnel et encore moins de les réduire à l'état de figurants. Ils seront intégrés au spectacle en manière de contrepoint et cependant tout aussi coresponsables de l'ensemble que n'importe quel autre danseur ».

Malgré la lourdeur de la tâche, Thomas Duchatelet se réjouit de cette résidence, nouvelle étape sur le chemin de la reconnaissance de sa compagnie : « Le projet s'est élaboré dans un climat de confiance. Daniel Gillet et son équipe aiment et connaissent la danse, ce qui n'est pas le cas partout. Je tiens à leur rendre hommage pour le travail qu'ils accomplissent depuis plusieurs années en direction des clubs et des associations pour fidéliser le public au travers d'ateliers. Quand je suis arrivé, les groupes étaient constitués, je n'ai eu qu'à me mettre au travail. J'ai beaucoup appris avec ces groupes auxquels, par mon respect des corps, j'espère avoir apporté un peu de mon amour de la danse ».

Pour ce chorégraphe de 37 ans, la création de sa compagnie est un retour aux sources après quinze ans d'exil dont sept passés au Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch, c'est un retour à la terre natale ce qui lui permet de constater que le rapport de sa région à la danse, naguère parent pauvre du spectacle vivant, a changé, même s'il y a encore beaucoup à faire. C'est une des raisons pour lesquelles il a accepté cette expérience de « sensibilisation » en direction des amateurs : « mon souci est de désenclaver la danse du ghetto où elle était maintenue quand j'ai commencé. Je participe à de nombreuses actions en direction du public et j'interviens dans tous les milieux. La danse est un langage universel que je veux faire partager en montrant qu'elle n'est pas hermétique, comme on l'en accuse souvent. Pratiquée avec rigueur, c'est une école de liberté ».

C'est aussi d'un retour aux sources du mouvement qu'il s'agit. A la question de sa filiation artistique, Thomas Duchatelet répond avec douceur : « Ce que j'ai découvert, je le dois beaucoup à Pina. De là à revendiquer un héritage, c'est un pas que je ne saurais franchir car je prétendrais ainsi me hisser au niveau de celui ou celle dont je me réclamerais. Je souhaiterais m'éloigner de ce qu'elle a elle-même exploré avec une grande maîtrise et qui a suscité tant d'émules : le théâtre dansé. J'ai fait le tour de cet univers qui touche maintenant ses limites et à tendance à se figer dans de nouvelles conventions. C'est pourquoi ma danse revient à une chorégraphie dépouillée des oripeaux du théâtre, au mouvement pur. » Un mouvement qui conduit plus ou moins directement vers l'autre, du sujet à l'objet, qui a pour principe tantôt le désir, tantôt l'amour et pour conquête la beauté.

Philippe RENAULT

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 Nord Eclair
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 9 novembre 1997  

 

Duchatelet, tout en douceur

Premiers pas majestueux, hier soir, pour Thomas Duchatelet et sa jeune compagnie à l'Opéra de Lille. En signant sa première pièce pour cinq danseurs, L'objet, le jeune chorégraphe met en scène une danse d'une sensibilité extrême, étrange et familière à la fois. Une danse élégante et intuitive, théâtralisée ce qu'il faut, et douce comme la chevelure d'une jeune femme emportée par les vagues du mouvement.

Il faut pourtant entrer dans la danse. Se laisser déranger par ces interprètes qui investissent tout à coup la scène sans souci du jeu du rideau rouge. Mais la magie prend vite, dès les premiers mouvements à l'amplitude fine. Et l'on se laisse alors aller à un étonnant voyage. Thomas Duchatelet a posé sur sa danse les mots d'une histoire, celle de Jeanne la folle dans une Espagne moyenâgeuse ; les mots d'une découverte, celle du Nouveau Monde. Et ses tableaux vont et viennent entre la mémoire et l'avenir. Danse tout en contrastes, de lumières, de sons et d'images. Où, entre le pas de deux et le geste théâtral, les interprètes (remarquables) rivalisent de rigueur et de légèreté. Une danse d'hommes - ils sont quatre hommes à danser, dont Thomas Duchatelet lui-même - mais qui ondulent autour du personnage de la femme - cette Jeanne peut-être - magnifiquement vivante, dans les élans comme dans la retenue.

Le geste, chez Thomas Duchatelet, se révèle très technique, voire acrobatique, il s'en dégage pourtant une finesse et une langueur intenses, une tendresse étonnante ; sacralisé, quand la musique de l'Espagne rayonne, dans un duo vertigineux de douceur. Et le ballet final ne fait que confirmer l'émotion première : la danse de Thomas Duchatelet est belle, magnifiquement. C'est le plus joli compliment que l'on peut lui faire.

C.R.

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 La Voix du Nord
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 29 octobre 1997  

 




L'objet  

Objets du désir

Décor sommaire : plateau nu, portant, quelques vêtements, banc de vestiaire... Durant les premiers instants, on a l'indiscrète impression d'avoir fait irruption en pleine répétition. Ebauche de gestes que l'on retrouve par la suite. En « major d'homme », Thomas Duchatelet circule entre ses danseurs. L'objet, né en résidence de création à l'Opéra de Lille, où la jeune compagnie a été invitée par Danse à Lille, consacre la rencontre entre une femme et quatre hommes. Les solos masculins sont très physiques. L'un d'entre-eux excelle même dans une gestuelle hip-hop. Alternance de moments ludiques où les hommes jonglent avec quelques balles, et de temps arrêtés où des corps inertes semblent entre la vie et la mort. Sur l'un d'eux, la jeune femme accomplit les gestes d'une toilette funèbre puis s'allonge. La même, plus loin, se peint du bout des doigts sur les lèvres un sourire inquiétant. Elle est Jeanne la Folle, reine de Castille qui, par amour, perd la raison. Ses longs cheveux blonds lacèrent son visage et l'espace, artifice dont on sait l'effet qu'il cherche à produire. Un beau mouvement d'ensemble clôt L'objet. Un souffle épique balaie la salle. Thomas Duchatelet a puisé dans les sept années passées chez Pina Bausch, en tant qu'interprète, pour façonner son style. Les danseurs entrent et sortent de scène, ce qui donne parfois un sentiment de décousu dans l'écriture. Son premier solo, Passage à l'acte, concrétisait un désir contenu de s'affirmer chorégraphe. Cet « acte deux » laisse entrevoir de belles perspectives.

Claudine COLOZZI


Thomas Duchatelet

 
 DDO
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 Septembre-Octobre 1997  

 







Passage à l'acte  
Naissance et arrivée d'un chorégraphe

Après 7 ans de compagnonnage, Thomas Duchatelet a quitté Pina Bausch. Il monte sa compagnie à Lille et rêve de rencontrer le public de la région. C'est un jeune homme de 35 ans, au long visage. L'œ;il reflète une fragilité. Elle est vite consumée lorsque la conversation glisse vers le projet qui l'occupe aujourd'hui. La passion ? Plus que cela. Il s'agit d'une vie qui bascule : une mue. Thomas Duchatelet, danseur de Pina Bausch durant 7 ans, formé par Viola Farber et Merce Cunningham, crée actuellement sa compagnie à Lille. C'est à la fois simple et compliqué. « J'ai quitté Pina Bausch pour des raisons multiples, raconte-t-il. Notamment, j'avais le sentiment d'avoir atteint les limites de son univers. »

Thomas Duchatelet se remet donc en danger : il quitte l'Allemagne et revient dans sa région natale - il est né à Valenciennes - 15 ans après l'avoir quittée ; « elle a tellement changé, surtout d'un point de vue culturel ». L'année dernière, il crée son premier solo en tant que chorégraphe, grâce au soutien de Danse à Lille et du Manège à Maubeuge : Passage à l'acte. Un chorégraphe est né. La décision est prise : Thomas Duchatelet installe sa compagnie à Lille pour travailler et rencontrer le public du Nord Pas-de-Calais et de l'Eurorégion... « Généralement on doit créer sa propre compagnie à Paris avant d'être envoyé en province, explique-t-il. Je préfère faire le contraire, travailler directement sur le terrain. Rencontrer le public, c'est essentiel ».

Il a démarré actuellement stages et sensibilisations dans les écoles. Surtout, il prépare L'objet, sa prochaine chorégraphie pour quatre danseurs, trois hommes et une femme. Comme point de départ, trois textes métaphoriques, dont l'un évoque Jeanne la Folle, mère de Charles Quint. Sa trame : un univers sonore, des souvenirs plus ou moins ancrés dans la région, un questionnement des relations à l'intérieur d'une famille. Pour ses danseurs, il imagine un statut (femme-enfant, fils, mari ...) et prépare une gestuelle, comme une accumulation de signes : « ils se les approprieront, les adapteront à leur corps ». Thomas Duchatelet se lève et esquisse des mouvements - la danse ne peut être effleurée par le verbal. C'est sa force.

Nicolas MEURIN


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 Nord Eclair
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 7 novembre 1997  

 


La danse, la vie de Thomas Duchatelet

Samedi, sur la scène de l'Opéra de Lille, sera donnée la première création de Thomas Duchatelet. Elle signe le retour dans le Nord d'un danseur qui se fait chorégraphe. Rencontre.

C'est un retour au pays, assez involontaire au fond, mais qui s'avère naturel, finalement. Thomas Duchatelet originaire de Valenciennes, s'installe aujourd'hui à Lille, et de danseur devient chorégraphe. A 35 ans, l'artiste amorce ici un virage essentiel dans une carrière d'interprète menée tambour battant notamment dans la prestigieuse compagnie de Pina Bausch en Allemagne. Une vie qui bascule, par nécessité, mais forte de riches expériences. S'il regarde les quinze dernières années, « je suis comblé » dit Thomas Duchatelet. C'est pourtant le sentiment profond du « besoin d'autre chose » qui le guide désormais. Envie et espoir que le jeune chorégraphe place dans L'objet, première création de sa toute nouvelle compagnie.

Il a embrassé la danse contemporaine à une époque où elle était encore discrète, à l'heure où ses copains étaient plutôt branchés foot. Il s'est coltiné le train le mercredi quand, adolescent, il venait de Valenciennes, suivre ses premiers cours au Conservatoire de Lille. Il a fait ses armes à Sainte-Baume, jeune stagiaire, aux côtés de Wes Howard et d'une Trisha Brown encore méconnue du grand public… Et la passion ne l'a plus quitté. Elle l'a mené à New York où il a suivi l'enseignement de Merce Cunningham, et en Allemagne, où il a travaillé durant 7 ans avec Pina Bausch. Thomas Duchatelet n'est passé à côté de rien, animé d'une seule volonté : celle de danser. « Et j'ai une très grande chance, reconnaît-il, j'ai réussi a travailler en tant que danseur avec les gens que je voulais ».

A 34 ans, pourtant, celui qui n'a jusque-là jamais rêvé de devenir chorégraphe décide de quitter sa carrière d'interprète. « En danse, c'est déjà un âge vénérable », sourit Thomas Duchatelet. « On a un peu moins la pêche. Pour moi, c'était un tournant une remise en question ». Par rapport à l'univers de Pina Bausch, aussi. S'ensuit une espèce de traversée du désert, que l'artiste exprime alors tout naturellement dans un solo : Passage à l'acte. Un essai autobiographique en somme, qui lui vaut la saison dernière d'être remarqué par Catherine Dunoyer, directrice de Danse à Lille, qui le programme dans ses « Repérages ». Il ne le sait pas encore, mais Thomas Duchatelet vient d'amorcer son retour. « Je me sens chez moi. J'avais vécu en Allemagne une dizaine d'années, mon épouse est japonaise ; avec la France, j'avais coupé un peu mes racines » raconte-t-il. « Je ne savais pas où j'allais, ni ce que j'envisageais… je n'étais pas forcément intéressé pour revenir en France ».

Il savait simplement que s'il choisissait la France, ce serait le Nord. L'accueil qui lui est réservé à Lille pour son solo, l'extrême attention du public, qu'il découvre, et le vrai travail de sensibilisation à la danse contemporaine mené par Danse à Lille le décident. Rien a voir avec le paysage culturel qu'il a quitté quinze ans auparavant. C'est alors « une sorte de pari ». Créer sa compagnie ici, participer à la diffusion de la danse dans la région « c'est pour moi un challenge : cela me manquait après avoir quitté Pina Bausch ».
Suite aux « Repérages » de Danse à Lille, Thomas Duchatelet bénéficie alors d'une résidence de création à Lille. Résidence qui fait le reste. Elle donne naissance à L'objet, chorégraphie pour cinq danseurs qui sera donnée samedi à l'Opéra de Lille. Elle conforte surtout Thomas Duchatelet dans son choix du retour : « je me sens chez moi a ici. Je n'ai jamais connu cela avant », dit-il aujourd'hui « j'ai l'impression de pouvoir être moi-même. J'ai mis 20 ans, cela prend du temps, mais pour moi c'était un temps nécessaire avant d'être chorégraphe. J'estime maintenant être assez mûr pour décider de ce que j'ai envie de faire ».

Cécile ROGNON

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 La Voix du Nord
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 14-15 avril 1996  

 

Passage à l'acte

Une étoile qui ne perd pas le Nord

Personne ou presque, à Valenciennes, ne sait qui il est. Pourtant Thomas Duchatelet a déjà une longue carrière à son actif. Le parcours brillant d'un enfant du pays.
(…) Ce départ, c'est comme une déchirure, une rupture. Le titre de son spectacle Passage à l'acte est assez éloquent. Thomas Duchatelet porte en lui et dans le regard cette mélancolie, cette nostalgie des gens humbles et talentueux. En un coup d'œ;il, il vous entraîne loin, très loin, dans un univers de danse et de poésie. Il est de ceux qui, d'un geste, d'un pas, vous font tressaillir sur votre siège (…).

Laurent LEFEBVRE